Sanction confirmée pour un médecin critique de l’Homéopathie
Dans une démarche audacieuse qui a ravivé les flammes d’un débat longtemps en sommeil, un groupe hétéroclite de 124 professionnels de la santé a, en 2018, publiquement exprimé son scepticisme envers l’homéopathie par le biais d’une tribune incisive. Cette démarche a culminé récemment avec la confirmation, par l’instance d’appel de l’Ordre des médecins, d’un avertissement à l’égard d’un médecin signataire, soulignant la persistance d’une fracture idéologique au sein de la communauté médicale.
Ce réprimande, décidé initialement par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins et rapporté par APMnews, vient sanctionner la prise de position ferme contre les pratiques qualifiées d’«alternatives», en particulier l’homéopathie. Cette confirmation en appel marque un tournant dans la controverse qui, depuis la publication de la tribune dans le Figaro, a suscité un vif débat, menant notamment au déremboursement de l’homéopathie un an après.
Le collectif NoFakeMed, fervent défenseur de l’intégrité scientifique et médicale, a émis des critiques acerbes envers cette décision, la qualifiant de «choquante» et de «à contre-courant de l’Histoire». Pierre de Brémond d’Ars, porte-parole du collectif, espère désormais rallier à sa cause le soutien de l’Ordre des médecins, malgré l’indépendance de la chambre disciplinaire.
La tribune de 2018
La tribune de 2018 n’avait pas mâché ses mots, accusant certains praticiens de se draper de la respectabilité conférée par leur titre pour promouvoir des traitements à l’efficacité contestée, pointant du doigt l’homéopathie comme chef de file de ces «fausses thérapies». Cette prise de position avait attiré les foudres du Syndicat national des médecins homéopathes (SNMHF), qui avait engagé des poursuites contre une partie des signataires pour «non-confraternité», déclenchant une série de sanctions disciplinaires variées.
Il est à noter l’ironie de la situation où Pierre de Brémont d’Ars, comparant son blâme à celui reçu par Didier Raoult en 2021 pour ses recommandations controversées sur l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19, souligne une certaine incohérence dans l’application des sanctions.
La chambre disciplinaire nationale, dans son arrêt de décembre 2023, a reproché à la tribune un excès de véhémence, estimant que le ton employé ne correspondait pas à la réserve et à la modération attendues des médecins lorsqu’ils s’expriment sur des sujets controversés.
Cette affaire illustre la tension persistante entre la liberté d’expression des professionnels de santé et la nécessité de préserver une certaine éthique professionnelle, questionnant la place des médecines dites «alternatives» dans le paysage médical contemporain.