Les lunettes au cœur d’un scandale numérique : Le drame des ordonnances en ligne
Imaginez-vous confortablement installé chez vous, en train de naviguer sur Internet. Une publicité apparaît : « Des verres correcteurs pour seulement 19 €, ordonnance incluse. » Vous vous dites : « Pourquoi pas ? C’est pratique et économique ! » Vous suivez les instructions, renseignez quelques informations, et voilà – quelques instants plus tard, une ordonnance signée par un ophtalmologiste, allemand ou polonais, arrive dans votre boîte mail. Quelle aubaine, non ? Malheureusement, ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que vous venez de contribuer à une fraude massive qui sévit dans le monde de l’ophtalmologie.
C’est exactement ce qui s’est passé avec les sites Ophtalmos.io et Ophtalmo.io, qui ont récemment été interdits d’accès pour une durée d’un an par la justice. Ces sites vendaient des ordonnances pour des verres correcteurs et des lentilles de contact, moyennant 19 €. La rapidité et la facilité de la procédure ont séduit de nombreux internautes, créant ainsi un trafic d’ordonnances en toute impunité.
La fraude a été révélée par le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), l’assurance maladie et l’Ordre des médecins, qui ont mené l’enquête et ont fait appel à la justice. D’après le Dr Thierry Bour, président du SNOF, le système aurait été principalement utilisé par des magasins d’optique qui remplissaient eux-mêmes la demande d’ordonnance à la place des patients.
« Le plus inquiétant dans tout cela, c’est que n’importe quel nom peut être utilisé comme professionnel de santé supposé avoir fait l’examen visuel. Il n’y a pas besoin de preuve d’une consultation réelle », explique le Dr Bour. Cette pratique a non seulement mis en danger la santé des consommateurs, mais elle a également créé une situation frauduleuse que les assurances et mutuelles ont fini par repérer, cessant de rembourser les équipements visuels obtenus par ce biais.
Les quatre opérateurs Internet majeurs en France – Free, Bouygues, Orange et SFR – ont été sommés de bloquer l’accès à ces sites. Mais la lutte est loin d’être terminée. Les personnes ou sociétés derrière cette opération n’ont pas encore été identifiées. Le SNOF a déclaré son intention de porter plainte au pénal, dans l’espoir de faire émerger les enseignes d’optique qui ont promu ou utilisé ce système à leur profit.